HAMADI ANANOU

Photographe

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L'AUTEUR

Hamadi Ananou

Il y a des hommes qui, bien qu’étant nés dans une zone frontalière, ne deviennent pas nécessairement des êtres frontaliers. Même si Hamadi Ananou fait partie de ces hommes, du fait de vivre à cheval entre deux continents, l’Afrique et l’Europe, il marque son travail de son empreinte ; son « royaume » n’est pas réellement de ce « monde ».

Dépeindre l’auteur de cette exposition s’avère aussi complexe que sa propre œuvre. Hammadi Annanou réunit à la fois les caractéristiques orientales et occidentales du fait de cette double culture : il est à la fois optimiste, discipliné, vif tout en étant patient. Voyageur invétéré, il explore dans son travail un possible rapprochement entre l’impulsion créative que suscitent les cités les plus cosmopolites et la simplicité des petits villages de son Rif natal qui lui est cher. Ne demandez pas à Ananou où se trouve son cœur. Il bat, depuis toujours, derrière le diaphragme d’un appareil photo.

Il est né dans une maison de campagne, perchée sur les collines bordant la zone frontalière de Melilla. Sa famille y a toujours vécu. Mauresques expulsés du Royaume de Grenade, les « El Funti » s’y sont installés au début du XVIIème siècle et n'en sont jamais repartis. Ils constituent une référence fondamentale pour la mémoire historique de la ville. Une partie de la maison s'ouvrait sur le côté occidental. L’autre était immergée dans un monde qui l’a toujours réclamé. Cependant, il a su s’abreuver des meilleures sources. Polyglotte, ayant reçu une solide formation, sachant apprécier les bonnes choses, il considère cette dualité comme un cadeau de la vie, une opportunité pour une évolution constante dans un monde qu’il a toujours perçu comme global.

À Paris et à Madrid, il a su s’imprégner du meilleur. Il a étudié l’art de la photographie avec d’éminents spécialistes, ses images ont illustré de brillants textes d’écrivains qui, sans jamais cesser d’être d’actualité, sont passés à l’Histoire pour nous rendre d’autres mondes accessibles, au delà du politique. Cela, Gala, Goytisolo ... dans les anciennes rues de la « ville de l’amour », il attrape le virus du journalisme, de l’action, de l’engagement pour l’information, portée presque au sacerdoce. A ce titre, il a travaillé pour les agences de presse les plus renommées : Quasar, Gamma et l’espagnole Cover.

Il a toujours été disposé à couvrir, avec autant d’intérêt, une révolte dans n’importe quel pays africain qu’à illustrer une interview avec le personnage en vogue du moment où un mannequin célèbre. Pour Hamadi Ananou, la vision de la planète, sa planète, est de transmettre, par l’image, ce qui semble intransmissible ou inaccessible. A cet effet, il excelle dans l’art de répondre à la vérité journalistique immuable qui mène les professionnels du métier, des bidonvilles aux palais, pratiquement sans transition.

Il a été arrêté, expulsé de certains pays pour défendre la liberté d’information, il a su être solidaire là où il le fallait, il a ri et a fait rire les enfants les plus pauvres, il a pleuré avec leurs mères, il a prié (pas autant que les imams auraient voulu) dans les enterrements tragiques, il a vécu et a laissé vivre...

Quand Hamadi Ananou déambulait dans les rédactions de la capitale espagnole, il était déjà connu comme le « photographe de la lumière ». Il figure parmi ceux qui ont su immortaliser l'appel magique du soleil, se levant ou se couchant, au delà du Détroit de Gibraltar, là où les chemins ne se croisent jamais, mais se poursuivent jusqu’à l’infini. Et pour ceux qui, comme lui, étaient journalistes, il représentait le point de chute obligatoire pour réussir une chronique, pour saisir ce détail précis que seul son regard affuté de photographe était capable de capter, au delà des mots.

Hamadi Ananou a toujours vécu en avance sur son temps. Fasciné de technologie, il a su être au fait des progrès exigés par l’ère de l’information. Au fil des années, il n’hésite pas à s’équiper des « Formules 1 » de chaque chose et se munit du dernier modèle d’appareil photo, de l’objectif le plus moderne, de l’ordinateur le plus complet ou du véhicule le plus performant, en excellent conducteur qu’il est. Il possède cette chose en plus, la spiritualité peut-être, que la technique à elle seule n’est pas capable de fournir pour réussir de grandes photos.

Il est difficile de voir Ananou inactif. Voyager avec lui est un véritable périple. Lorsqu’on arrive sur un lieu pour faire un reportage, à peine avons-nous le temps de nous imprégner du saisissant paysage qui s’offre à nous qu’il commence déjà près à plier bagage, ayant déjà accompli sa mission. Ananou ne fait pas de tourisme, en homme d’action, il n’est jamais passif face à ce qu’il voit ou ressent. Il garde ses sensations en lui jusqu’à les matérialiser en image, concentré sur son objectif qui le mène au delà du simple déplacement. Ses voyages se convertissent alors en expéditions destinées à figer du mouvement et des instants dans une photo.

Un beau jour, au milieu des années 1990, il fait sa valise et va s’installer avec sa famille en Afrique, dans la ville natale de sa chère Fatima. Les madrilènes, comme moi, qu’il laissa derrière lui, sentîmes l’envie de partir avec lui. En pleine maturité de la quarantaine, il abandonne la vie des grandes métropoles européennes. Il passe d’un grand édifice urbain du quartier madrilène de Moratalaz, ancien quartier ouvrier des années 1930, devenu chic dans les années 1990, du stress, du vacarme et du mouvement incessant de millions de citadins pressés, des journées de travail difficiles et des soupirs de bonheur éphémères, à une jolie petite maison avec vue sur mer, à la fois à proximité et éloignée de la côte andalouse, où il a passé tant d’étés à travailler. Nichée aux pieds (où à la tête, tout dépend de là où on se place) de son Afrique adorée, à vol d’oiseau d’une autre frontière qu’il a toujours traversée en toute quiétude. Mais ce semblant de replis volontaire n’allait pas durer longtemps.

Son sens de la responsabilité envers l’intérêt général fait qu’il accepte la proposition de certains de ces amis d’occuper le prestigieux poste de Conseiller des Affaires Sociales de la ville de Ceuta. Il prend cette fonction très au sérieux, se donnant corps et âme pour la cause des démunis, des humbles, des « petits arabes marginalisés », comme certains les qualifient communément et qu'il ne cessera jamais d’aider. A cette époque, les rôles s’inversent : Hamadi se trouve de moins en moins derrière l’appareil photo et devient plutôt la cible des photographes. Il passe de l’autre côté de l’image avec aisance, jonglant avec brio dans le monde de la politique. Il en sort indemne. Tout le monde se rappelle de lui avec beaucoup d’affection. Seul un homme avisé et sage pouvait réussir une telle expérience.

Les expériences se succédant, et à la plus grande peine des éditeurs photos des médias espagnols les plus réputés, il interrompt momentanément sa carrière de photographe journalistique pour investir le monde de la publicité qui suscitait un chez lui vif intérêt et pour lequel il était parfaitement préparé, vue sa longue et édifiante expérience dans le monde de la presse et du photojournalisme qu’il considère comme la meilleure école de photo. Mais ce n’est pas pour autant qu’il abandonne sa passion pour la photographie et les appareils photos qu’il collectionne et affectionne. Il découvre alors d’autres moyens de faire passer ses messages, une autre manière de voir le monde, une motivation nouvelle à exprimer sa créativité d’artiste.

Ananou a compris depuis longtemps que le photographe saisit la photo, il ne la fait pas. L’image est là, elle attend l’artiste comme un enfant qui voudrait cesser d’être orphelin. Peu importe que cette image soit d’ordre journalistique ou publicitaire. Ananou est surtout motivé par son côté artistique ; « l’art avant tout » constitue sa devise. Lorsqu’on lui demande quelle est sa plus belle création photographique, sa réaction de photoreporter est immédiate : « la prochaine ». Sa relation avec ses photos est viscérale, elle pourrait s’apparenter à la relation qu’il entretient avec ses enfants, Tarek et Inas. Impossible de trancher entre elles ; chacune garde son cachet et sa singularité malgré les manipulations permises par les logiciels de traitement d’images comme « Photoshop » et malgré leurs ressemblances apparentes. En définitive, pour Ananou, l’image a toujours eu plus de force que mille mots.

Avant-gardiste, il cherche constamment à être innovateur. Il explore inlassablement de nouvelles possibilités au-delà de la technologie de traitement d’images qui fait partie intégrante du quotidien de tous les professionnels de la photographie de nos jours. C’est de nouveaux supports sur lesquels composer et façonner ses images qu’il cherche à exploiter : pierre, bois, métal, verre ... Ces techniques apportent aux photos de son œuvre une dimension qui les unit plus à la terre, ses éléments, ses racines ; un contact avec l’Alpha et l’Oméga que nous sommes, tel le rapide clic du diaphragme d’un objectif déclenché à très grande vitesse.

Lorsqu’il revêt son costume de photographe, tous ses sens sont activés, il contrôle sa respiration, il sent l’adrénaline l’envahir, son cœur bat au rythme du martèlement du bout de ses doigts sur le déclencheur. A cet instant, Hamadi cherche à être ce qu’il est : un photographe, un grand parmi les Grands.

Juan Carlos de la Cal.
Traduction Germinal Castillo.



Une Biographie

Né à Melilla . Vit et travaille en Espagne

Très tôt, Hamadi Ananou se passionne pour la photographie, le photojournalisme en particulier, qu’il considère comme “La” grande école de la photographie. Il parcourt le monde, partageant, le temps qu’il faut, l’intimité de celui ou celle dont il désire restituer le portrait. Exigeant vis-à-vis de lui-même comme vis-à-vis du métier, il estime qu’un photographe doit maîtriser la technique, c’est le B.A ba pour pouvoir se déclarer photographe mais ce n’est pas que cela, il faut aussi être artiste, dépasser la technique pour pouvoir transmettre un message, pour exprimer une émotion, une question de cadrage, de sensibilité, de flair, qu’il appelle le regard. Ses travaux, dont de très nombreux portraits d’une extrême sensibilité ont été publiés dans les magazines les plus renommés. Il a également plusieurs expositions et livres à son actif. Ses oeuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées à Madrid, Barcelone, Séville, Ceuta, Tokyo, Paris, Hong Kong et New YorkExpositions

EXPOSITIONS

Principales expositions individuelles

2010 . Messina, Italie
2007 . Permanente . Terminal du port de Ceuta
2007 . 50 ans du Traité de Rome . Union Européenne
2006 . Museo Murallas Reales . Ceuta
2003 . Museo del Revellin . Ceuta
1995 . Camerawork . Berlin
1991 . Muhabat Gallery . ManilleHamadi Ananou
1985 . Galeria BSN . Buenos Aires
1984 . Galerie Rendir . Paris
1982 . Asociacion de Amistad Hispano Arabe . Madrid
1980 . Centre Culturel Majadahonda . Madrid

Principales expositions Collectives

2009 . Eye Gallery . London
1996 . Fondacion Telefonica . Madrid
1990 . Photopress . Exposition itinérante en Espagne
1989 . Photopress . Exposition itinérante en Espagne
1986 . Mary Ryan Gallery . New York
1980 . Institut Image Kinex . Madrid

 



:: 2000 . Ceuta - Ediciones Everest
:: Seville- Livre collectif édité à l’occasion de l’exposition universelle Editorial del Sur
:: 1992 . Fès . Nuova Media
:: 1990 . Tanger . Nuevo Media
:: 1989 . Amazonie . Editorial del Sur

 



PARCOURS.

1978-1980 . Etudes d´images à l´Institut Kinex de Madrid

1980-1982 . Crée à Madrid un studio photo spécialisé dans le portrait professionnel (books)

1982 . Avec Jose Maria Castillo, prend en charge tous les labos photo du Mondial de Footbal “Espana 82”

1983-1985 . Couvre en free-lance le conflit au Liban, la guerre Iran-Irak,… diverses collaborations avec divers magazines et journaux. Ces photos illustrent notamment des articles d´écrivains contemporain tels que le Prix Nobel de littérature Camilo Jose Cela, Juan Goytisilo, Antonio Gala, George Semprun, Antonio Gala, George Semprun,…

Passe une période à Paris où il collabore avec l’agence Gamma et cotoie de nombreux grands photographes, notamment des reporters de l’agence Magnum

1985 . Crée l’agence Cover, première agence photo en Espagne. Membre du staff, il couvre de nombreux événements nationaux et internationaux

1989-1992 . Travaille pour “Grupo Z”, l´un des plus grands groupes de presse espagnol, publie ses travaux dans les magazines du groupe : Tiempo, Interviu, Ronda de Iberia, Viajar, el periodico de Cataluña, Mane,… Il fait également partie de l’équipe du magazine Panorama et est directeur photo du magazine Handicap-Zero

1992 . Cofondateur de l´agence de grands reportages “Quasar” de Madrid au sein de laquelle il réalise des commandes pour les médias les plus renommés tels que Cambio16, El Mundo, El Pais, Associeted Press (AP), El Manifesto, Panorama, Oggi, Bunte, Bild Zeitung, Times, Newsweek, Paris-Match, Geo,… La réalisation de ces reportages le mène en Afrique du Sud, aux Philippines, en Chine, en Mongolie, au Brésil, en Algérie, au Yemen, au Guatemala, au Salvador, au Chile,…

1996-2005 . Se spécialise en publi-reportages et compte, parmi ses clients, Royal Life, Coca-Cola, Tourisme de Philipine, Tourisme de Cuba, Royal Air Maroc, Sheraton, Iberia, Telefonica, ONA etc.

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